Des nanos-particules dans les pilules contraceptives
Posté par Bérengère Arnal le 10 août 2018
Les nanoparticules dites « nanos » sont des petites particules de matière, d’argent, de titane, de carbone… Plus petites qu’une cellule, elles sont un peu plus grandes que des atomes.
Certaines sont connues et produites depuis de nombreuses années en grandes quantités comme l’alumine, le noir de carbone, le dioxyde de titane, le carbonate de calcium, la silice amorphe… elles entrent dans la composition de divers produits que nous pouvons inhaler, ingérer ou au contact desquels nous vivons.
Les voies d’entrée des nanos dans notre organisme sont la voie orale, l’inhalation et le passage transcutané. Ces substances sont si petites qu’elles sont en capacité de traverser toutes les barrières naturelles de l’organisme : la barrière intestinale, la peau, la barrière méningée qui protège le cerveau et la barrière placentaire. L’organisme n’est pas équipé pour s’en débarrasser.
Les nanos circulent librement dans le sang et s’accumulent sous forme de dépôts dans l’arbre respiratoire, dans des organes comme le foie, la rate, le cœur, le cerveau …
Diverses études pointent du doigt un effet inflammatoire pulmonaire, un retentissement au niveau cardiaque, une perturbation du système immunitaire, des dégâts sur l’ADN… Et chez l’animal, l’apparition de lésions cancéreuses digestives…
Les études actuelles sont amplement suffisantes pour indiquer un effet délétère sur tous les organismes vivants.
Le dioxyde de titane dont on parle beaucoup est omniprésent dans nos vies. On le trouve notamment dans des peintures, des revêtements, des plastiques, des papiers, des crèmes solaires, des dentifrices, des produits pharmaceutiques, des médicaments, des encres, des cosmétiques, des matériaux de construction et même dans l’alimentation où il est connu sous le nom de E171 comme colorant alimentaire. Des bonbons, des gommes à mâcher, des biscuits en contiennent…
Le dioxyde de titane est un toxique avéré qu’il soit sous forme nano et non nano. Classé en 2006, par le CIRC[1], comme potentiellement cancérogène de type 2B pour l’homme lorsqu’il est inhalé, le dioxyde de titane induit chez l’animal, une baisse de l’immunité, une inflammation de l’intestin, une augmentation du cancer du côlon ou du rectum.
Plus récemment, l’Agence Française de Sécurité Sanitaire (ANSES) a préconisé en 2014 un classement des nanoparticules de dioxyde de titane comme substances dangereuses sachant qu’une partie des particules de dioxyde de titane ingérées, passe dans le sang via les intestins et peut se retrouver dans le foie et la rate, le cerveau.
En mai 2016, l’ANSES a même proposé à l’Agence Européenne des Produits Chimiques, ECHA, de classer le dioxyde de titane comme cancérogène 1B par inhalation. Dans les 2 cas, les études s’accumulent, mais le principe de précaution demeure bafoué.
On retrouve du dioxyde de titane dans beaucoup de produits alimentaires, de compléments alimentaires et dans des médicaments. UFC-Que-Choisir a recensé plus de 4 000 médicaments qui en renferment, c’est-à-dire dans une majorité de spécialités en gélules ou comprimés les plus consommés. L’information de la présence de nanoparticules n’est pas forcément mentionnée sur l’étiquette.
Sachant qu’en France, en moyenne, un Français consomme peu ou prou 48 boîtes de médicaments par an, que 71 % des plus de 50 ans absorbent des médicaments tous les jours et que 45 000 personnes âgées de 70 ans et plus se voient prescrire plus de 10 médicaments par jour, il est raisonnable de parler de SCANDALE SANITAIRE.
On trouve du dioxyde de titane dans des médicaments de grande consommation comme le Doliprane®, le Dafalgan®, l’Efferalgan® qui tous trois contiennent du paracétamol. Sa toxicité hépatique est connue en cas de surdosage. Elle peut aboutir à une hépatite aigüe grave première cause de greffe du foie en urgence.
On trouve aussi du dioxyde de titane dans les génériques de l’ibuprofène, du Spasfon®, de l’Augmentin®, de l’amoxicilline, des statines Tahor® et Crestor®…
Par curiosité, nous avons examiné la composition des pilules oestro-progestatives actuellement sur le marché. Notre étonnement fut grand. Sur 40 marques de COP, 27 contiennent du dioxyde de titane. Après les risques thrombo-emboliques, après les risques de cancer du sein ou cardio-vasculaires, la présence de dioxyde de titane constitue-t-elle un risque supplémentaire pour les femmes ?
En mai 2018, le gouvernement français annonce qu’il va demander la suspension « avant la fin de l’année » de l’utilisation du dioxyde de titane sous forme de nanoparticules dans les produits alimentaires. Espérons que l’annonce soit suivie d’une vraie réglementation et que les médicaments et les compléments alimentaires soient eux-aussi débarrassés de ce composé toxique.
En attendant que les uns et/ou les autres se bougent, nous demandons l’application du PRINCIPE DE PRECAUTION donc le retrait du dioxyde de titane des médicaments censés nous soigner.
Pour s’informer :
- Veille nanos : le site d’information de référence sur la question, animé par l’association AVICENN (Association de Veille et d’Information Civique sur les Enjeux des Nanosciences et des Nanotechnologies). Et en particulier le dossier de veille nanos et celui sur les nanos et alimentation
- Nanomatériaux et risques pour la santé et l’environnement, par Avicenn, Ed. Yves Michel, 2016
Dr Bérengère Arnal, médecin gynécologue, Mme Hélène Hodac, journaliste, 10/08/2018
[1] Centre International de Recherche contre le Cancer
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