Hommage à David Servan-Schreiber
Posté par Bérengère Arnal le 25 juillet 2011
David Servan-Schreiber nous a quittés le 24 juillet 2011, un jour d’été très pluvieux, à cinquante ans, dix-neuf ans après la découverte fortuite d’une tumeur cancéreuse du cerveau. Il laisse dans un profond chagrin sa famille, ses amis proches, ses amis plus éloignés dont je pense faire partie, et aussi des millions de lecteurs en France et dans le monde.
Ses ouvrages « Guérir » et « Anticancer », traduits dans de nombreuses langues ont bousculé tant le monde médical que le grand public. Ils ont permis de conforter, de confirmer le grand intérêt et la nécessité d’une médecine écologique humaine, s’intégrant dans cet éco-monde que beaucoup souhaitent construire en réaction aux problématiques environnementales dont on ne nie plus l’impact négatif sur le développement des cancers. Cette médecine intégrative associe les outils thérapeutiques que sont la médecine allopathique, dite conventionnelle, incontournable en cancérologie et les médecines complémentaires, naturelles, à une prise en charge globale – holistique -de l’individu et de son environnement, en tenant compte de l’impact permanent sur la santé de son histoire et de son vécu émotionnels. Le service que dirigeait David à Pittsburgh était le premier service hospitalier au monde de médecine intégrative.
Nous sommes de nombreux médecins, responsables d’enseignements universitaires de médecines non conventionnelles et enseignants, à régulièrement proposer, sans grand succès, aux hospitalo-universitaires, notre savoir-faire en matière d’accompagnement des thérapeutiques lourdes du cancer, et aussi de prévention primaire et tertiaire. Notre savoir-faire peut faire l’objet d’authentiques publications scientifiques peu critiquables comme celles de David Alimi en auriculothérapie, mais il peut aussi dans l’expression de notre travail au cabinet, véritable médecine expérimentale de chaque patient dans son unicité, apporter un meilleur-être au quotidien et participer à la rémission ou à la guérison du cancer. David était très intéressé et respectueux de ces pratiques thérapeutiques. Nous formulons l’espoir que le fait que Laurent Zelek, patron du service de cancérologie de l’hà´pital Avicenne à Bobigny, soit maintenant le nouveau responsable du Département des Médecines Naturelles, créé en 1982 par Pierre Cornillot, doyen fondateur de la Faculté de Médecine Paris 13 à Bobigny, modifie quelque peu le point de vue de nos confrères allopathes. Pierre Cornillot, à la pensée avant-gardiste et audacieuse n’a pas ménagé ses efforts tout au long de sa vie, et continue à le faire, pour défendre l’intérêt des médecines non conventionnelles. David souhaitait le rencontrer…
La personnalité de David, confronté de par son histoire personnelle et professionnelle et son passé familial au monde parfois sans état d’à¢me des politiques et des scientifiques à tout prix, cultivant le monde des publications et des études cliniques, oubliant pour certains, l’approche du patient dans son individualité, lui a permis par un discours simple mais construit et validé, de se mettre à la portée de chacun. Dans son livre-testament, porteur d’espoir au-delà de la mort et de l’absence, « On peut se dire au revoir plusieurs fois », il écrit : « le fait d’avoir traversé le miroir, d’être devenu moi- même un patient, d’avoir connu les angoisses, les peines et les espoirs d’un malade, aide à devenir plus humain, plus capable de se connecter avec notre condition humaine. » David avait cette capacité de pouvoir s’adresser avec aisance tant aux grands de ce monde qu’il cà´toyait de par sa position sociale et professionnelle qu’au grand public venu par milliers au trop grand nombre de conférences qu’il a données suite à l’incomparable succès rencontré par ses ouvrages.
Il nous dit que le rythme qu’il s’est imposé à parcourir le monde pendant 4 ans après la sortie d' »Anticancer » est sà»rement une des raisons de sa rechute mais qu’il « ne regrette rien. » « Je préfère le parcours que j’ai eu, même s’il m’a mis au bord du précipice. » S’il est des qualités qui lui sont indéniables, ce sont le courage et la détermination dans la rigueur. Et c’est l’amour pour l’être humain qui anime son dernier ouvrage, fruit de nombreuses et laborieuses batailles, trame tissée au fil du temps, des rencontres, mission réussie.
J’ai rencontré David, à Paris, en 2008, lors d’un stage de développement personnel avec Pierre Rahbi et l’association Colibri, stage auquel m’avait convié une amie commune, Anne Van Stappen, enseignante internationale de CMV, communication non violente. David l’a beaucoup aidée lors de la publication de son livre, « Ne marche pas si tu peux danser ». David est venu vers moi en fin de journée, me disant que mes actions concernant le cancer du sein l’intéressaient.
Quelques jours plus tard, il m’adressait un exemplaire d' »Anticancer », que bien sà¹r j’avais déjà lu, je dois dire dévoré avec enthousiasme, d’une traite, sourde à toute autre sollicitation, enveloppée dans une grande couverture, allongée sur le canapé du salon glacial de mes amis belges, le Noà«l précédent, souvenir inoubliable… Je me sentais tellement en adéquation avec ce que David écrivait. Tout comme je le ressentirai à la lecture des ouvrages de Thierry Janssen qui fut très ami avec David. Je venais de publier avec Henri Joyeux, « Comment enrayer l’épidémie des cancers du sein ? ». Nous avions notamment été très critiqués sur le terme « épidémie » que David justifiait dans « Anticancer » pour un certain nombre de cancers dont le cancer du sein. Il réemploiera ce terme à de nombreuses reprises.
David m’écrivait une double dédicace émouvante, l’une sur une page du livre, l’autre sur une carte de visite jointe. Il m’arrive de les relire pour me redonner du courage, lorsque mon moral est atteint par les critiques, rumeurs et attaques dont je fais parfois l’objet du fait de mes prises de position qui ne vont pas dans le sens de la pensée unique qui régit la prise en charge médicale des femmes en France.
En 2009, Anne Ghesquière, journaliste et fondatrice de femininbio.com, eut l’idée de filmer une double interview de David par moi, et de moi par David. Il nous reçut pour cela très gentiment dans son appartement de Neuilly. Ce souvenir m’est très précieux. J’avais le trac. Il me mà®t très à l’aise, me tutoyant, m’aidant quand il fallait recommencer. Il dà»t rapidement partir pour un rendez-vous et nous laissa seuls dans son salon avec toute l’équipe en nous demandant de claquer la porte en partant ! Les vidéos sont visibles sur le site de femininbio.com, d’au sein des femmes et sur daily motion. Par la suite, Anne réalisera le tournage des interviews de Lucien Israà«l et de Thierry Janssen par la journaliste improvisée que j’étais pour la circonstance.
Ces rencontres m’amèneront à écrire pour Anne, qui est aussi directrice de collection aux Editions Eyrolles, un livre en collaboration avec Martine Laganier, journaliste-santé à Alternative Santé, « Cancer du sein, prévention et accompagnement par les médecines complémentaires » que j’adressai à David en octobre 2010 ; et à recueillir les mémoires de Lucien Israà«l, ouvrage à paraà®tre en octobre 2011 dans lequel l’auteur rend hommage aux actions de David.
Lien alimentation-cancer ? par David… par femininbio-com
Je revis peu David. Je le savais très occupé, parcourant le monde. Depuis plusieurs mois, son silence total était inquiétant. J’en parlai avec Jean-Loup Mouysset, seul cancérologue français militant pour l’accompagnement du cancer par les médecines naturelles. Jean-Loup, fondateur de l’association Ressource, a organisé en 2008 et 2009 deux congrès « Un autre regard sur le cancer » au cours desquels David et Bernard Giraudeau ont fait vivre au public venu très nombreux, des moments inoubliables sur un plan humain et spirituel.
Nous, ses amis, proches et moins proches, avons à l’initiative d’Anne Van Stappen, tissé une trame de soutien, de prière, de méditation dès lors que nous avons appris la gravité de l’état de David, suite à la publication de son dernier livre. Je fus un fil de cette trame d’amour. Les patientes et adhérentes d’Au sein des femmes, dont David était membre d’honneur, se sont manifestées, nombreuses. Comme je l’écrivais à David, il y a quelques semaines dans un mail qui lui a été lu, « les femmes ont souvent parlé de toi, parlent régulierement de toi, et parleront longtemps de toi… »
C’est parce que David y participait, que j’acceptai d’être filmée par Stephane Allix, auteur de « La mort n’est pas une terre étrangère », dans le cadre d’une série étonnante et remarquable de films sur M6, « Enquêtes extraordinaires – ils reçoivent des signes de l’au-delà « . David aborde ce sujet dans son dernier livre à travers le récit de patients ayant vécu des expériences de mort imminente et écrit : « …la perspective de rejoindre l’ensemble des à¢mes humaines et animales dans un univers baigné de lumière, de connexion et d’amour a tout pour me ravir. »
Je suis intimement persuadée, David, que tu as retrouvé ceux que tu aimais tant, dans cette infinie lumière blanche, lumière de paix et d’amour.
Ajouter un commentaire